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KÉRABAN-LE-TÊTU.

un certain capitaine maltais, lequel ne valait pas mieux que lui.

Ce capitaine, nommé Yarhud, commandait la tartane Guïdare, et faisait habituellement les voyages de la mer Noire. À son commerce de contrebande il joignait un autre commerce encore moins avouable d’esclaves noirs venus du Soudan, de l’Éthiopie ou de l’Égypte, et de Circassiennes ou de Géorgiennes, dont le marché se tient précisément dans ce quartier de Top-Hané, — marché sur lequel le gouvernement ferme trop volontiers les yeux.

Cependant, Scarpante attendait, et Yarhud n’arrivait pas. Bien que l’intendant restât impassible, que rien au dehors ne trahît ses pensées, une sorte de colère intérieure lui faisait bouillir le sang.

« Où est-il, ce chien ? murmurait-il. Lui est-il survenu quelque contre-temps ? Il a dû quitter Odessa avant-hier ! Il devrait être ici, sur cette place, à ce café, à cette heure, où je lui ai donné rendez-vous !… »

En ce moment, un marin maltais parut à l’angle du quai. C’était Yarhud. Il regarda à droite, à gauche, et aperçut Scarpante. Celui-ci se leva aussitôt, quitta le café, et vint rejoindre le capi-