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relâche à taïti.

plusieurs milles ; Hitiaa, un port très sûr, et d’où l’on exporte pour San-Francisco des millions et des millions d’oranges ; Mahaena, où la conquête de l’île ne se termina, en 1845, qu’au prix d’un terrible combat contre les indigènes.

Dans l’après-midi, on est arrivé par le travers de l’étroit isthme de Taravao. En contournant la presqu’île, le commodore Simcoë s’en approche assez pour que les fertiles campagnes du district de Tautira, les nombreux cours d’eau qui en font l’un des plus riches de l’archipel se laissent admirer dans toute leur splendeur. Tatarapu, reposant sur son assiette de corail, dresse majestueusement les âpres talus de ses cratères éteints.

Puis, le soleil déclinant sur l’horizon, les sommets s’empourprent une dernière fois, les tons s’adoucissent, les couleurs se fondent en une brume chaude et transparente. Ce n’est bientôt plus qu’une masse confuse dont les effluves, chargés de la senteur des orangers et des citronniers, se propagent avec la brise du soir. Après un très court crépuscule, la nuit est profonde.

Standard-Island double alors l’extrême pointe du sud-est de la presqu’île, et, le lendemain, elle évolue devant la côte occidentale de l’isthme à l’heure où se lève le jour.

Le district de Taravao, très cultivé, très peuplé, montre ses belles routes, entre les bois d’orangers, qui le rattachent au district de Papeari. Au point culminant se dessine un fort, commandant les deux côtés de l’isthme, défendu par quelques canons dont la volée se penche hors des embrasures comme des gargouilles de bronze. Au fond se cache le port Phaéton.

« Pourquoi le nom de ce présomptueux cocher du char solaire rayonne-t-il sur cet isthme ? » se demande Yvernès.

La journée, sous lente allure, s’emploie à suivre les contours, plus accentués de la substruction coralligène, qui marque l’ouest de Taïti. De nouveaux districts développent leurs sites variés, — Papéiri aux plaines marécageuses par endroits, Mataiea, excellent port de Papeuriri, puis une large vallée parcourue par la rivière Vaihiria,