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aux îles de cook.

peuvent regretter les résultats « relativement médiocres » de leurs tournées à travers les États-Unis d’Amérique.

« Voyons, demanda un jour Frascolin au violoncelliste, es-tu revenu de tes préventions contre Standard-Island ?

— Non, répond Sébastien Zorn.

— Et pourtant, ajoute Pinchinat, nous aurons un joli sac lorsque la campagne sera finie !

— Ce n’est pas tout d’avoir un joli sac, il faut encore être sûr de l’emporter avec soi !

— Et tu n’en es pas sûr ?…

— Non. »

À cela que répondre ? Et pourtant, il n’y avait rien à craindre pour ledit sac, puisque le produit des trimestres était envoyé en Amérique sous forme de traites, et versé dans les caisses de la Banque de New-York. Donc, le mieux est de laisser le têtu s’encroûter dans ses injustifiables défiances.

En effet, l’avenir paraît plus que jamais assuré. Il semble que les rivalités des deux sections soient entrées dans une période d’apaisement. Cyrus Bikerstaff et ses adjoints ont lieu de s’en applaudir. Le surintendant se multiplie depuis « le gros événement du bal de l’hôtel de ville ». Oui ! Walter Tankerdon a dansé avec miss Dy Coverley. Doit-on en conclure que les rapports des deux familles soient moins tendus ? Ce qui est certain, c’est que Jem Tankerdon et ses amis ne parlent plus de faire de Standard-Island une île industrielle et commerçante. Enfin, dans la haute société, on s’entretient beaucoup de l’incident du bal. Quelques esprits perspicaces y voient un rapprochement, peut-être plus qu’un rapprochement, une union qui mettra fin aux dissensions privées et publiques.

Et si ces prévisions se réalisent, un jeune homme et une jeune fille, assurément dignes l’un de l’autre, auront vu s’accomplir leur vœu le plus cher, nous croyons être en droit de l’affirmer.

Ce n’est pas douteux, Walter Tankerdon n’a pu rester insensible aux charmes de miss Dy Coverley. Cela date d’un an déjà. Étant don-