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l’île à hélice.

— Eh bien, le roi Malietoa fut une autre fois renversé, et savez-vous quel est le prétendant qui aurait eu alors le plus de chances à lui succéder ?… Un Anglais, l’un des personnages les plus considérables de l’archipel, un simple romancier…

— Un romancier ?…

— Oui… Robert Lewis Stevenson, l’auteur de l’Ile au trésor et des Nuits arabes.

— Voilà donc où peut mener la littérature ! s’écrie Yvernès.

— Quel exemple à suivre pour nos romanciers de France ! réplique Pinchinat. Hein ! Zola Ier, ayant été souverain des Samoans… reconnu par le gouvernement britannique, assis sur le trône des Tupua et des Malietoa, et sa dynastie succédant à la dynastie des souverains indigènes !… Quel rêve ! »

La conversation prend fin, après que le supérieur a donné divers détails sur les mœurs des Samoans. Il ajoute que, si la majorité appartient à la religion protestante wesleyenne, il semble bien que le catholicisme fait chaque jour plus de progrès. L’église de la Mission est déjà trop petite pour les offices, et l’école exige un agrandissement prochain. Il s’en montre très heureux, et ses hôtes s’en réjouissent avec lui.

La relâche de Standard-Island à l’île Upolu s’est prolongée pendant trois jours.

Les missionnaires sont venus rendre aux artistes français la visite qu’ils en avaient reçue. On les a promenés à travers Milliard-City, et ils ont été émerveillés. Et pourquoi ne pas dire que, dans la salle du casino, le Quatuor Concertant a fait entendre au Père et à ses collègues quelques morceaux de son répertoire ? Il en a pleuré d’attendrissement, le bon vieillard, car il adore la musique classique, et, à son grand regret, ce n’est pas dans les festivals d’Upolu qu’il a jamais eu l’occasion de l’entendre.

La veille du départ, Sébastien Zorn, Frascolin, Pinchinat, Yvernès, accompagnés cette fois du professeur de grâce et de maintien, viennent prendre congé des missionnaires maristes. Il y a, de part et