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l’île à hélice.

Cette nuit a été assez tranquille. À peine a-t-on entendu de lointains hurlements du côté de Bâbord-Harbour. Il est à croire que, le lendemain, en procédant à une battue générale à travers la campagne, la destruction de ces fauves sera complète.

Les groupes de chasseurs se reforment dès le petit jour. Il va sans dire que, depuis vingt-quatre heures, Standard-Island est restée stationnaire, tout le personnel de la machinerie étant occupé à l’œuvre commune.

Les escouades, comprenant chacune une vingtaine d’hommes armés de fusils à tir rapide, ont ordre de parcourir toute l’île. Le colonel Stewart n’a pas jugé utile d’employer les pièces de canon contre les fauves à présent qu’ils se sont dispersés. Treize de ces animaux, traqués aux alentours de la batterie de la Poupe, tombent sous les balles. Mais il a fallu dégager, non sans peine, deux douaniers du poste voisin qui, renversés par un tigre et une panthère, ont reçu de graves blessures.

Cette dernière chasse porte à cinquante-trois le nombre des animaux détruits depuis la première battue de la veille.

Il est quatre heures du matin. Cyrus Bikerstaff et le commodore Simcoë, Jem Tankerdon et son fils, Nat Coverley et les deux adjoints, quelques-uns des notables, escortés d’un détachement de la milice, se dirigent vers l’hôtel de ville, où le conseil attend les rapports expédiés des deux ports, des batteries de l’Éperon et de la Poupe.

À leur approche, lorsqu’ils ne sont qu’à cent pas de l’édifice communal, voici que des cris violents retentissent. On voit nombre de gens, femmes et enfants, pris d’une soudaine panique, s’enfuir le long de la Unième Avenue.

Aussitôt, le gouverneur, le commodore Simcoë, leurs compagnons, de se précipiter vers le square, dont la grille aurait dû être fermée… Mais, par une inexplicable négligence, cette grille était ouverte, et il n’est pas douteux qu’un des fauves, — le dernier peut-être, — l’ait franchie.