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l’île à hélice.

depuis son départ de la baie Madeleine. Cet itinéraire forme une sorte de grand S, dont la boucle inférieure se déroule jusqu’au groupe des Fidji.

Frascolin montre alors au violoncelliste cet amoncellement d’îles découvert par Tasman en 1643, — un archipel compris d’une part entre le seizième et le vingtième parallèle sud, et de l’autre entre le cent soixante-quatorzième méridien ouest et le cent soixante-dix-neuvième méridien est.

« Ainsi nous allons engager notre encombrante machine à travers ces centaines de cailloux semés sur sa route ? observe Sébastien Zorn.

— Oui, mon vieux compagnon de cordes, répond Frascolin, et si tu regardes avec quelque attention…

— Et en fermant la bouche… ajoute Pinchinat.

— Pourquoi ?…

— Parce que, comme dit le proverbe, en close bouche n’entre pas mouche !

— Et de quelle mouche veux-tu parler ?…

— De celle qui te pique, quand il s’agit de déblatérer contre Standard-Island ! »

Sébastien Zorn hausse dédaigneusement les épaules, et revenant à Frascolin :

« Tu disais ?…

— Je disais que, pour atteindre les deux grandes îles de Viti-Levou et de Vanua-Levou, il existe trois passes qui traversent le groupe oriental : la passe Nanoukou, la passe Lakemba, la passe Onéata…

— Sans compter la passe où l’on se fracasse en mille pièces ! s’écrie Sébastien Zorn. Cela finira par nous arriver !… Est-ce qu’il est permis de naviguer dans de pareilles mers avec toute une ville, et toute une population dans cette ville ?… Non ! cela est contraire aux lois de la nature !

— La mouche !… riposte Pinchinat. La voilà, la mouche à Zorn… la voilà ! »