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tribord et bâbord, la barre.

En effet, les machines ont été lancées à toute vitesse, les hélices fonctionnent à leur maximum de puissance, et cela se sent aux tressaillements du sous-sol d’acier. Qu’on imagine un attelage dont l’un des chevaux tire à hue, l’autre à dia, et l’on aura l’idée de ce qui se passe !

Cependant, avec le mouvement qui s’accentue, Standard-Island pivote sur son centre. Le parc, la campagne, décrivent des cercles, concentriques, et les points du littoral situés à la circonférence se déplacent avec une vitesse de dix à douze milles à l’heure.

De faire entendre raison aux mécaniciens dont la manœuvre provoque ce mouvement giratoire, il n’y faut pas songer. Le commodore Simcoë n’a aucune autorité sur eux. Ils obéissent aux mêmes passions que les Tribordais et les Bâbordais. Fidèles serviteurs de leurs chefs, MM. Watson et Somwah tiendront jusqu’au bout, machine contre machine, dynamos contre dynamos…

Et, alors, se produit un phénomène dont le désagrément aurait dû calmer les têtes en amollissant les cœurs.

Par suite de la rotation de Standard-Island, nombre de Milliardais, surtout de Milliardaises, commencent à se sentir singulièrement troublés dans tout leur être. À l’intérieur des habitations, d’écœurantes nausées se manifestent, principalement dans celles qui, plus éloignées du centre, subissent un mouvement « de valse » plus prononcé.

Ma foi, en présence de ce résultat farce et baroque, Yvernès, Pinchinat, Frascolin, sont pris d’un fou rire, bien que la situation tende à devenir très critique. Et, en effet, le Joyau de Pacifique est menacé d’un déchirement matériel qui égalera, s’il ne le dépasse, son déchirement moral.

Quant à Sébastien Zorn, sous l’influence de ce tournoiement continu, il est pâle, très pâle… Il « amène ses couleurs ! » comme dit Pinchinat, et le cœur lui remonte aux lèvres, est-ce que cette mauvaise plaisanterie ne finira pas ?… Être prisonnier sur cette immense table tournante, qui n’a même pas le don de dévoiler les secrets de l’avenir…