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le mot de la situation dit par pinchinat.

parti raisonnable, qui soit dicté par les circonstances ; il remet tous ses pouvoirs entre les mains du commodore Simcoë, l’unique chef auquel est désormais confié le salut de Standard-Island.

Ethel Simcoë accepte cette tâche sans hésiter. Il compte sur le dévouement de ses amis, de ses officiers, de son personnel. Mais que pourra-t-il faire à bord de ce vaste appareil flottant, d’une surface de vingt-sept kilomètres carrés, devenu indirigeable depuis qu’il ne dispose plus de ses deux machines !

Et, en somme, n’est-on pas fondé à dire que c’est la condamnation de cette Standard-Island, regardée jusqu’alors comme le chef-d’œuvre des constructions maritimes, puisque de tels accidents doivent la rendre le jouet des vents et des flots ?…

Il est vrai, cet accident n’est pas dû aux forces de la nature, dont le Joyau du Pacifique, depuis sa fondation, avait toujours victorieusement bravé les ouragans, les tempêtes, les cyclones. C’est la faute de ces dissensions intestines, de ces rivalités de milliardaires, de cet entêtement forcené des uns à descendre vers le sud et des autres à monter vers le nord ! C’est leur incommensurable sottise qui a provoqué l’explosion des chaudières de bâbord !…

Mais à quoi bon récriminer ? Ce qu’il faut, c’est se rendre compte avant tout des avaries du côté de Bâbord-Harbour. Le commodore Simcoë réunit ses officiers et ses ingénieurs. Le roi de Malécarlie se joint à eux. Ce n’est certes pas ce royal philosophe qui s’étonne que des passions humaines aient amené une telle catastrophe !

La commission désignée se transporte du côté où s’élevaient les bâtiments de la fabrique d’énergie électrique et de la machinerie. L’explosion des appareils évaporatoires, chauffés à outrance, a tout détruit, en causant la mort de deux mécaniciens et de six chauffeurs. Les ravages sont non moins complets à l’usine où se fabriquait l’électricité pour les divers services de cette moitié de Standard-Island. Heureusement, les dynamos de tribord continuent à fonctionner, et, comme le fait observer Pinchinat :

« On en sera quitte pour n’y voir que d’un œil !