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standard-island et milliard-city.

comme pendant l’hôtel de ville, dont l’importante masse se détache à l’opposé. Là sont centralisés tous les services publics de l’état civil, des eaux et de la voirie, des plantations et promenades, de la police municipale, de la douane, des halles et marchés, des inhumations, des hospices, des diverses écoles, des cultes et des arts.

Et, maintenant, quelle est la population contenue dans cette circonférence de dix-huit kilomètres ?

La terre, paraît-il, compte actuellement douze villes, — dont quatre en Chine, — qui possèdent plus d’un million d’habitants. Eh bien, l’île à hélice n’en a que dix mille environ, — rien que des natifs des États-Unis. On n’a pas voulu que des discussions internationales pussent jamais surgir entre ces citoyens, qui venaient chercher sur cet appareil de fabrication si moderne le repos et la tranquillité. C’est assez, c’est trop même qu’ils ne soient pas, au point de vue de la religion, rangés sous la même bannière. Mais il eût été difficile de réserver aux Yankees du Nord, qui sont les Bâbordais de Standard-Island, ou inversement, aux Américains du Sud, qui en sont les Tribordais, le droit exclusif de fixer leur résidence en cette île. D’ailleurs, les intérêts de la Standard-Island Company en eussent trop souffert.

Lorsque ce sol métallique est établi, lorsque la partie réservée à la ville est disposée pour être bâtie, lorsque le plan des rues et des avenues est adopté, les constructions commencent à s’élever, hôtels superbes, habitations plus simples, maisons destinées au commerce de détail, édifices publics, églises et temples, mais point de ces demeures à vingt-sept étages, ces sky-scrapers, c’est-à-dire « grattoirs de nuages », que l’on voit à Chicago, Les matériaux en sont à la fois légers et résistants. Le métal inoxydable qui domine dans ces constructions, c’est l’aluminium, sept fois moins lourd que le fer à volume égal — le métal de l’avenir, comme l’avait nommé Sainte-Claire Deville, et qui se prête à toutes les nécessités d’une édification solide. Puis, on y joint la pierre artificielle, ces cubes de ciment qui s’agencent avec tant de facilités. On fait même usage de