« Allons voir le Rayon-Vert, dit l’un.
— Sans perdre un instant ! » ajouta l’autre.
Miss Campbell les arrêta de la main, au moment où ils allaient ouvrir la fenêtre du hall.
« Il faut attendre que le soleil se couche, dit-elle.
— Ce soir, alors… répondit le frère Sam.
— Que le soleil se couche sur le plus pur des horizons, ajouta miss Campbell.
— Eh bien, après dîner, nous irons tous les trois à la pointe de Rosenheat… dit le frère Sib.
— Ou bien nous monterons tout simplement à la tour du cottage, ajouta le frère Sam.
— À la pointe de Rosenheat, comme à la tour du cottage, répondit miss Campbell, il n’y a d’autre horizon que celui du littoral de la Clyde. Or, c’est sur la ligne de la mer et du ciel qu’il faut observer le soleil à son coucher. Donc, avis à mes oncles d’avoir à me mettre en face de cet horizon dans le plus bref délai ! »
Miss Campbell parlait si sérieusement, tout en leur adressant son plus joli sourire, que les frères Melvill ne pouvaient résister à une mise en demeure formulée en ces termes.
« Cela ne presse peut-être pas ?… » crut cependant devoir faire observer le frère Sam.
Et le frère Sib vint à son aide en ajoutant :
« Nous aurons toujours le temps… »
Miss Campbell secoua gentiment la tête.
« Nous n’aurons pas toujours le temps, répondit-elle, et cela presse, au contraire !
— Serait-ce parce que, dans l’intérêt de monsieur Aristobulus Ursiclos… dit le frère Sam.
— Dont le bonheur, paraît-il, dépend de l’observation du Rayon-Vert… dit le frère Sib.
— C’est parce que nous sommes déjà au mois d’août, mes oncles ! répondit miss Campbell, et que les brouillards ne peuvent tarder à assombrir notre ciel d’Écosse ! C’est parce qu’il convient de profiter des belles soirées que la fin de l’été et le commencement de l’automne nous réservent encore ! — Quand partons-nous ? »
Il est certain que si miss Campbell voulait absolument voir, cette année, le