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aristobulus ursiclos.

Ursiclos, et que le ciel, se chargeant bientôt avec les vents du sud-ouest, nous apportera les vapeurs du Nord-Atlantique. »

Les frères Melvill remercièrent le jeune savant de leur avoir fait connaître ces intéressants pronostics, et en déduisirent que le Rayon-Vert pourrait bien se faire attendre, — ce dont ils ne furent pas autrement fâchés, puisque ce retard prolongerait leur séjour à Oban.

« Et vous êtes venus, messieurs ?… » demanda Aristobulus Ursiclos, après avoir ramassé un silex qu’il examina avec une extrême attention.

Les deux oncles se gardèrent bien de le troubler dans cette étude.

Mais lorsque le silex eut été accroître la collection que renfermait déjà la poche du jeune savant :

« Nous sommes venus avec le dessein bien naturel de passer quelque temps ici, dit le frère Sib.

— Et nous devons ajouter, dit le frère Sam, que miss Campbell nous a accompagnés…

— Ah !… miss Campbell ! répondit Aristobulus Ursiclos. — Je crois que ce silex est de l’époque gaélique. Il s’y trouve des traces… — En vérité, je serai enchanté de revoir miss Campbell !… des traces de fer météorique. — Ce climat, remarquablement doux, lui fera le plus grand bien.

— Elle se porte à merveille, d’ailleurs, fit observer le frère Sam, et n’a nul besoin de refaire sa santé.

— Il n’importe, reprit Aristobulus Ursiclos. Ici, l’air est excellent. Zéro vingt et un d’oxygène, et zéro soixante-dix-neuf d’azote, avec un peu de vapeur d’eau, en quantité hygiénique. Quant à l’acide carbonique, à peine quelques vestiges. Je l’analyse tous les matins. »

Les frères Melvill voulurent voir là une aimable attention à l’adresse de miss Campbell.

« Mais, demanda Aristobulus Ursiclos, si vous n’êtes point venus à Oban pour des raisons de santé, messieurs, puis-je savoir pourquoi vous avez quitté votre cottage d’Helensburgh ?

— Nous n’avons aucune raison de vous cacher, étant donnée la situation où nous sommes… répondit le frère Sib.

— Dois-je voir dans ce déplacement, reprit le jeune savant en interrompant la phrase commencée, un désir, tout naturel d’ailleurs, de me faire rencontrer avec miss Campbell, en des conditions où nous pourrons mieux apprendre à nous connaître, c’est-à-dire à nous estimer ?