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l’archipel en feu.

aperçoit même les sommets verdoyants du mont Scopos, au flanc duquel s’étagent des massifs d’oliviers et d’orangers, qui remplacent les épaisses forêts chantées par Homère et Virgile.

Le vent était bon, une brise de terre bien établie que lui envoyait le sud-est. Aussi, la sacolève, sous ses bonnettes de hunier et de perroquet, fendait-elle rapidement les eaux de Zante, presque aussi tranquilles alors que celles d’un lac.

Vers le soir, elle passait en vue de la capitale qui porte le même nom que l’île. C’est une jolie cité italienne, éclose sur la terre de Zacynthe, fils du Troyen Dardanus. Du pont de la Karysta, on n’aperçut que les feux de la ville, qui s’arrondit sur l’espace d’une demi-lieue au bord d’une baie circulaire. Ces lumières, éparses à diverses hauteurs, depuis les quais du port jusqu’à la crête du château d’origine vénitienne, bâti à trois cents pieds au-dessus, formaient comme une énorme constellation, dont les principales étoiles marquaient la place des palais Renaissance de la grande rue et de la cathédrale Saint-Denis de Zacynthe.

Nicolas Starkos, avec cette population zantiote, si profondément modifiée au contact des Vénitiens, des Français, des Anglais et des Russes, ne pouvait rien avoir de ces rapports commerciaux qui l’unissaient