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vingt millions en jeu.

Ce raisonnement était juste. De là, cette déduction toute naturelle, c’est que si les chances d’Henry d’Albaret s’étaient accrues, celles de Nicolas Starkos avaient diminué.

On ne s’étonnera donc pas que, dès le lendemain, un entretien à ce sujet, provoqué par Skopélo, eût lieu à bord de la sacolève entre son capitaine et lui. C’était le second de la Karysta qui, en rentrant à bord vers dix heures du matin, avait rapporté la nouvelle de la mort d’Elizundo – nouvelle qui faisait grand bruit par la ville.

On aurait pu croire que Nicolas Starkos, aux premiers mots que lui en dit Skopélo, allait s’abandonner à quelque mouvement de colère. Il n’en fut rien. Le capitaine savait se posséder et n’aimait point à récriminer contre les faits accomplis.

« Ah ! Elizundo est mort ? dit-il simplement.

— Oui !… Il est mort !

— Est-ce qu’il se serait tué ? ajouta Nicolas Starkos à mi-voix, comme s’il se fût parlé à lui-même.

— Non, répondit Skopélo, qui avait entendu la réflexion du capitaine, non ! Les médecins ont constaté que le banquier Elizundo était mort d’une congestion…

— Foudroyé ?…

À peu près. Il a immédiatement perdu connaissance