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vingt millions en jeu.

temps du deuil fussent écoulés, et, peut-être aussi, que la situation financière de la maison eût été régulièrement établie.

Quant à la fortune que laissait le banquier, on savait qu’elle était énorme. Grossie, naturellement par les bavardages du quartier et les on-dit de la ville, elle arrivait déjà à être quintuplée. Oui ! on affirmait qu’Elizondo ne laissait pas moins d’une centaine de millions ! Et quelle héritière, cette jeune Hadjine, et quel homme heureux, ce Nicolas Starkos, auquel sa main était promise ! On ne parlait plus que de cela dans Corfou, dans ses deux faubourgs, jusque dans les derniers villages de l’île ! Aussi les badauds affluaient-ils à la Strada Reale. Faute de mieux, on voulait au moins contempler cette maison fameuse, dans laquelle il était entré tant d’argent, et où il devait en rester tant, puisqu’il en était si peu sorti !

La vérité, c’est que cette fortune était énorme. Elle se montait à près de vingt millions, et, ainsi que l’avait dit Nicolas Starkos à Skopélo dans leur dernier entretien, fortune en valeurs facilement réalisables, non en propriétés foncières.

Ce fut ce que reconnut Hadjine Elizundo, ce que Xaris reconnut avec elle, pendant les premiers jours qui suivirent la mort du banquier. Mais, ce qu’ils furent aussi amenés à reconnaître, ce fut par quels