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l’archipel en feu.

bilité de lui imprimer, même avec forte mer, une excessive vitesse. De là, aussi, bien des chances pour qu’elle réussît dans l’aventureuse croisière, à laquelle l’avaient destinée ses armateurs, ligués contre les pirates de l’Archipel.

Bien que ce ne fût point un navire de guerre, en ce sens qu’elle était la propriété, non d’un État, mais de simples particuliers, la Syphanta était militairement commandée. Ses officiers, son équipage, eussent fait honneur à la plus belle corvette de la France ou du Royaume-Uni. Même régularité de manœuvres, même discipline à bord, même tenue en navigation comme en relâche. Rien du laisser-aller d’un bâtiment armé en course, où la bravoure des matelots n’est pas toujours réglementée comme l’exigerait le commandant d’un bâtiment de la marine militaire.

La Syphanta avait deux cent cinquante hommes portés à son rôle d’équipage, pour une bonne moitié Français, Ponantais ou Provençaux, pour le reste, partie Anglais, Grecs et Corfiotes. C’étaient des gens habiles à la manœuvre, solides au combat, marins dans l’âme, sur lesquels on pouvait absolument compter : ils avaient fait leurs preuves. Quartiers-maîtres, seconds et premiers maîtres dignes de leurs fonctions étaient d’intermédiaires entre l’équipage et les officiers. Pour état-major, quatre lieutenants, huit enseignes,