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l’archipel en feu.

avait fait voile vers le nord. Peu de jours avant son départ de Scio, des navires suspects venaient d’être signalés dans le voisinage de Lemnos et de Samothrace. Quelques caboteurs levantins avaient été pillés et détruits presque sur le littoral de la Turquie d’Europe. Peut-être ces pirates, depuis que la Syphanta leur donnait si obstinément la chasse, jugeaient-ils à propos de se réfugier jusqu’aux parages septentrionaux de l’Archipel. De leur part, ce n’était que prudence.

Dans les eaux de Métélin, on ne vit rien. Quelques navires de commerce seulement, qui communiquèrent avec la corvette, dont la présence ne laissait pas de les rassurer.

Durant une quinzaine de jours, la Syphanta, bien qu’elle fût durement éprouvée par les mauvais temps d’équinoxe, remplit consciencieusement sa mission. Pendant deux ou trois coups de vent successifs, qui l’obligèrent à se mettre en cape courante, Henry d’Albaret put juger de ses qualités non moins que de l’habileté de son équipage. Mais on le jugea aussi, et il ne démentit pas la réputation, déjà faite aux officiers de la marine française, d’être d’excellents manœuvriers. Pour ses talents de tacticien au milieu d’un combat naval, on s’en rendrait compte plus tard. Quant à son courage au feu, on n’en doutait pas.