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NAVIRE AU LARGE.

lança vers le petit bâtiment comme un grappin d’abordage.

Gozzo ne se trompait pas. La barre venait d’être mise au vent, et la sacolève laissait maintenant porter sur Vitylo. En même temps, son perroquet volant et son second foc furent amenés ; puis, son hunier se releva sur ses cargues. Ainsi soulagée d’une partie de ses voiles, elle était bien plus dans la main de l’homme de barre.

Il commençait alors à faire nuit. La sacolève n’avait plus que juste le temps de donner dans les passes de Vitylo. Il y a, de ci de là, des roches sous-marines qu’il faut éviter, sous peine de courir à une destruction complète. Pourtant, le pavillon de pilote n’avait point été hissé au grand mât du petit bâtiment. Il fallait donc que son capitaine connût parfaitement ces fonds assez dangereux, puisqu’il s’y aventurait, sans demander assistance. Peut-être aussi se méfiait-il — à bon droit — des pratiques Vityliens, qui ne se seraient point gênés de le mettre sur quelque basse, où nombre de navires s’étaient déjà perdus.

Du reste, à cette époque, aucun phare n’éclairait les côtes de cette portion du Magne. Un simple feu de port servait à gouverner dans l’étroit chenal.

La sacolève s’approchait, cependant. Elle ne fut bientôt plus qu’à un demi-mille de Vitylo. Elle atter-