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à bord de la « syphanta » !

à ces forbans — jusqu’à Salé, sur la côte occidentale de l’Afrique, où les malheureux captifs vivaient dans des caveaux creusés à douze ou quinze pieds sous terre.

Enfin, sa mission terminée, n’ayant plus rien des millions laissés par son père, Hadjine Elizundo songea à revenir en Europe avec Xaris. Elle s’embarqua à bord d’un navire grec, sur lequel prirent passage les derniers prisonniers, rachetés par elle, et qui fit voile pour Scarpanto. C’était là qu’elle comptait retrouver Henry d’Albaret. C’était de là qu’elle avait résolu de revenir en Grèce sur la Syphanta. Mais, trois jours après avoir quitté Tunis, le navire qui la portait fut capturé par un bâtiment turc, et elle était conduite à Arkassa pour y être vendue comme esclave avec ceux qu’elle venait de délivrer !…

En somme, de cette œuvre entreprise par Hadjine Elizundo, le résultat avait été celui-ci : plusieurs milliers de prisonniers, rachetés avec l’argent même qui avait été gagné à les vendre. La jeune fille, maintenant ruinée, venait de réparer, dans la mesure de ce qui était possible, tout le mal fait par son père.

Voilà ce qu’apprit Henry d’Albaret. Oui ! Hadjine pauvre, était maintenant digne de lui, et, pour l’arracher aux mains de Nicolas Starkos, il se fût fait aussi pauvre qu’elle !