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EN FACE L’UN DE L’AUTRE.

bourg de Vitylo. À cette hauteur, on n’entendait d’autre bruit que l’aboiement de chiens féroces, presque aussi redoutables aux voyageurs que les chacals et les loups, chiens aux formidables mâchoires, à large face de dogue, que le bâton n’effraye guère. Quelques goélands tourbillonnaient dans l’espace, à petits coups de leurs larges ailes, en regagnant les trous du littoral.

Bientôt, Nicolas Starkos eut dépassé les dernières maisons de Vitylo. Il prit alors le rude sentier qui contourne l’acropole de Kérapha. Après avoir longé les ruines d’une citadelle, qui fut jadis élevée en cet endroit par Ville-Hardouin, au temps où les Croisés occupaient divers points du Péloponnèse, il dut contourner la base des vieilles tours, dont la falaise est encore couronnée. Là, il s’arrêta un instant et se retourna.

À l’horizon, en deçà du cap Gallo, le croissant de la lune allait bientôt s’éteindre dans les eaux de la mer Ionienne. Quelques rares étoiles scintillaient à travers d’étroites déchirures de nuages, poussés par le vent frais du soir. Pendant les accalmies, un silence absolu régnait autour de l’acropole. Deux ou trois petites voiles, à peine visibles, sillonnaient la surface du golfe, le traversant vers Coron ou le remontant vers Kalamata. Sans le fanal, qui se balançait en tête de leur mât, peut-être eût-il été impossible de les