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L’ARCHIPEL EN FEU.

ottomane à travers le golfe de Patras !… Ce jour-là, sous le coup de cette honte, elle s’élança au plus fort de la mêlée pour y chercher la mort… La mort ne voulut pas d’elle.

Et pourtant, Nicolas Starkos devait aller plus loin encore dans cette voie criminelle ! Quelques semaines plus tard, ne se joignait-il pas à Kara-Ali qui bombardait la ville de Scio dans l’île de ce nom ? N’avait-il pas sa part de ces épouvantables massacres, où périrent vingt-trois mille chrétiens, sans compter quarante-sept mille qui furent vendus comme esclaves sur les marchés de Smyrne ? Et l’un des bâtiments qui transporta une partie de ces malheureux aux côtes barbaresques, n’était-il pas commandé par le fils même d’Andronika, — un Grec qui vendait ses frères !

Pendant la période suivante, dans laquelle les Hellènes allaient avoir à résister aux armées combinées des Turcs et des Égyptiens, Andronika ne cessa pas un instant d’imiter ces héroïques femmes, dont les noms ont été cités plus haut.

Lamentable époque, surtout pour la Morée. Ibrahim venait d’y lancer ses farouches Arabes, plus féroces que les Ottomans. Andronika était de ces quatre mille combattants que Colocotroni, nommé commandant en chef des troupes du Péloponnèse, avait