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l’invasion de la mer

alors qu’ils revenaient sur leurs pas. Ce fut seulement dès les premières ombres du crépuscule qu’ils se hasardèrent à se rapprocher du campement.

Sans doute, à leur approche, Coupe-à-cœur donna bien quelques signes d’éveil et grogna sourdement. Mais le maréchal des logis-chef le calma, après avoir jeté un coup d’œil au-dehors, et le chien vint se recoucher près de son maître.

Tout d’abord, ces indigènes s’étaient arrêtés sur la lisière du petit bois. À huit heures, il faisait déjà sombre, car le crépuscule est de courte durée sous cette latitude. Nul doute qu’ils n’eussent tous deux l’intention d’observer de plus près ce détachement en halte à l’entrée du second canal. Qu’était-il venu faire, et qui le commandait ?…

Que ces cavaliers appartinssent à un régiment de spahis, ils le savaient, ayant aperçu les deux officiers pendant leur excursion en compagnie de l’ingénieur. Mais combien d’hommes comptait ce détachement, quel matériel escortait-il vers le Melrir ? C’était là précisément ce qu’ils voulaient reconnaître.

Les deux indigènes franchirent donc la lisière, rampèrent entre les herbes, gagnèrent d’un arbre à l’autre. Au milieu de l’obscurité, ils purent apercevoir les tentes dressées à l’entrée du bois et les chevaux couchés sur le pâturage.

C’est à ce moment que les grognements du chien les mirent en éveil, et ils retournèrent vers les dunes, sans que leur présence eût été soupçonnée au campement.

Alors, n’ayant plus la crainte d’être entendus, ils échangèrent ces demandes et ces réponses :

« Ainsi… c’est bien lui… ce capitaine Hardigan ?…

— Oui !… celui-là même qui avait fait prisonnier Hadjar…

— Et aussi l’officier qui était sous ses ordres ?…

— Son lieutenant… Je les ai reconnus…

— Comme ils t’auraient reconnu, sans doute…

— Mais toi… ils ne t’ont jamais rencontré ?…