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au kilomètre 347.

force pour résister à une attaque inattendue. Presque aussitôt dispersés, les ouvriers ne purent éviter d’être massacrés qu’en gagnant le nord du Djerid. Revenir vers le Rharsa, puis vers les oasis de Nefta ou de Tozeur leur avait paru dangereux, les assaillants pouvant leur en couper la route, et c’était du côté de Zéribet qu’ils avaient cherché refuge. Après leur départ, les pillards et leurs complices avaient détruit le chantier, incendié l’oasis, bouleversé les travaux avec l’aide des nomades, joints à eux pour cette œuvre de destruction. Et, une fois que la tranchée eut été comblée, lorsqu’il ne resta plus rien du talus, lorsque le débouché du canal sur le Melrir eut été entièrement obstrué, les nomades disparurent aussi soudainement qu’ils étaient venus. Assurément, si le second canal, entre le Rharsa et le Melrir n’était pas gardé par des forces suffisantes, il serait exposé à des agressions de ce genre.

« Oui… dit l’ingénieur, lorsque l’Arabe eut achevé son récit, il importe que l’autorité militaire prenne des mesures pour protéger les chantiers à la reprise des travaux… Après, la mer Saharienne saura se défendre toute seule ! »

Le capitaine Hardigan posa alors diverses questions à Mézaki :

« De combien d’hommes était composée cette bande de malandrins ?…

— De quatre à cinq cents environ, répondit l’Arabe.

— Et sait-on de quel côté ils se sont retirés ?

— Vers le sud, affirma Mézaki.

— Et l’on ne dit pas que les Touareg aient pris part à cette affaire ?…

— Non… des Berbères seulement.

— Le chef Hadjar n’a pas reparu dans le pays ?…

— Et comment l’aurait-il pu, répondit Mézaki, puisque voilà trois mois qu’il a été fait prisonnier et qu’il est enfermé dans le bordj de Gabès. »

Ainsi cet indigène ne savait rien de l’évasion de Hadjar, et ce ne