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LA CHASSE AU MÉTÉORE

— N’importe, je l’ai vu !… J’aurai eu cette gloire !… Dès demain, à la première heure, une dépêche à l’observatoire de Pittsburg… et ce misérable Hudelson ne pourra pas prétendre, cette fois… »

Mr Dean Forsyth s’illusionnait-il, ou bien le docteur Hudelson avait-il réellement laissé prendre sur lui un tel avantage ? On ne sera jamais renseigné là-dessus, pas plus que ne fut jamais envoyée la lettre projetée à l’Observatoire de Pittsburg.

Dès le matin du 6 mai, en effet, la note suivante parut dans les journaux du monde entier :

« L’observatoire de Greenwich a l’honneur de porter à la connaissance du public qu’il résulte de ses calculs et d’un ensemble d’observations très satisfaisantes que le bolide signalé par deux honorables citoyens de la ville de Whaston, et que l’observatoire de Paris a reconnu être exclusivement composé d’or pur, est constitué par une sphère de cent dix mètres de diamètre et d’un volume de six cent quatre-vingt-seize mille mètres cubes environ.

« Une telle sphère, en or, devrait peser plus de treize millions de tonnes. Le calcul montre qu’il n’en est rien. Le poids réel du bolide s’élève à peine au septième du nombre précédent et est sensiblement égal à un million huit cent soixante-sept mille tonnes, poids correspondant à un volume d’environ quatre-vingt-dix-sept mille mètres cubes et à un diamètre approximatif de cinquante-sept mètres.

« Des considérations qui précèdent, nous devons nécessairement conclure, la composition chimique du bolide étant hors de discussion, ou bien qu’il existe de vastes cavités dans le métal constituant le noyau, ou, plus vraisemblablement, que ce métal s’y trouve à l’état pulvérulent, le noyau étant, dans ce cas, d’une texture poreuse analogue à celle d’une éponge.

« Quoi qu’il en soit à cet égard, les calculs et les observations permettent de préciser plus exactement la valeur du bolide. Cette valeur, au cours actuel de l’or, n’est pas inférieure à cinq mille sept cent quatre-vingt-huit milliards de francs. »

Donc, si ce n’était pas cent mètres, comme l’avait supposé le Whaston Evening, ce n’était pas non plus dix mètres, comme l’avait admis le Standard. La vérité se trouvait entre les deux hypothèses. Telle quelle, d’ailleurs, elle eût été capable de satisfaire les plus ambitieuses convoitises, si le météore n’avait été destiné à tracer une éternelle trajectoire au-dessus du globe terrestre.