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LA CHASSE AU MÉTÉORE

Dix minutes s’écoulèrent, puis le cavalier, reprenant au petit pas Exeter street, se dirigea pour la cinquième fois vers la place.

« Après tout, se répétait-il, non sans consulter sa montre, il n’y a pas encore de retard… Ce n’est que pour dix heures sept, et il est à peine neuf heures et demie… La distance qui sépare Whaston de Steel, d’où elle doit venir, est égale à celle qui sépare Whaston de Brial, d’où je suis venu, et peut être franchie en moins de vingt minutes… La route est belle, le temps est sec, et je ne sache pas que le pont ait été emporté par une crue du fleuve… Il n’y aura donc ni empêchement, ni obstacle… Dans ces conditions, si elle manque au rendez-vous, c’est qu’elle le voudra bien… D’ailleurs, l’exactitude consiste à être là juste à l’heure, et non à faire trop tôt acte de présence… En réalité, c’est moi qui suis inexact, puisque je l’aurai devancée plus qu’il ne convient à un homme méthodique… Il est vrai, même à défaut de tout autre sentiment, la politesse me commandait d’arriver le premier au rendez-vous ! »

Ce monologue se poursuivit tout le temps que l’étranger redescendit Exeter street, et il ne prit fin qu’au moment où les sabots du cheval frappèrent de nouveau le macadam de la place.

Décidément, ceux qui avaient parié pour le retour de l’étranger gagnaient leur pari. Aussi, lorsque celui-ci passa le long des hôtels, lui firent-ils bon visage, tandis que les perdants ne le saluaient que par des haussements d’épaules.

Dix heures sonnèrent enfin à l’horloge municipale. Son cheval arrêté, l’étranger compta les dix coups et s’assura que l’horloge marchait en parfait accord avec la montre qu’il tira de son gousset.

Il ne s’en fallait plus que de sept minutes pour que l’heure du rendez-vous fût atteinte, puis aussitôt dépassée.

Seth Stanfort revint à l’entrée d’Exeter street. Visiblement, ni sa monture ni lui ne pouvaient se tenir au repos.

Un public assez nombreux animait alors cette rue. De ceux qui la montaient, Seth Stanfort ne se préoccupait en aucune façon. Toute son attention allait à ceux qui la descendaient, et son regard les saisissait dès qu’ils se montraient au sommet de la pente. Exeter street est assez longue pour qu’un piéton mette une dizaine de minutes à la parcourir, mais il n’en faut que trois