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LA CHASSE AU MÉTÉORE

pêcha de faire de nouvelles sottises. L’expérience commencée fut méthodiquement poursuivie, et la mystérieuse machine bourdonna, jusqu’au 5 juillet, un peu plus de quatorze fois par vingt-quatre heures. De temps à autre, Zéphyrin Xirdal prenait une observation astronomique du météore. Il put ainsi s’assurer que tout se passait sans anicroche et conformément à ses prévisions.

Dans la matinée du 5 juillet, il braqua une dernière fois son objectif vers le ciel.

« Ça y est, dit-il en s’écartant de l’instrument. Maintenant, on peut laisser courir. »

Aussitôt, il s’occupa de ses colis.

Sa machine, avec quelques ampoules de rechange et sa lunette d’abord. Il les emmaillota avec beaucoup d’habileté et les protégea par des étuis capitonnés contre les hasards du voyage. Ce fut ensuite le tour de ses bagages personnels.

Une difficulté sérieuse faillit l’arrêter dès le premier pas. Comment emballer les objets qu’il convenait d’emporter ? Une malle ? Zéphyrin Xirdal n’en avait jamais eu. Une valise, alors ?…

Après de profondes réflexions, il se souvint qu’il devait posséder une valise, en effet. Et la preuve qu’il la possédait réellement, c’est qu’il la trouva, non sans de laborieuses recherches, au fond d’un cabinet noir, où s’entassait un fouillis de débris, excréta de sa vie domestique au milieu duquel le plus savant des antiquaires aurait été bien empêché de se reconnaître.

Cette valise, que Zéphyrin Xirdal attira à la lumière du jour, avait été jadis recouverte de toile. Cela n’était pas contestable, puisque quelques lambeaux de ce tissu adhéraient encore à son squelette de carton. Quant à des courroies, leur existence antérieure était probable, mais non certaine, car il n’en subsistait aucune trace. Zéphyrin Xirdal ouvrit cette valise au milieu de la chambre et resta longtemps rêveur devant le vide de ses flancs béants. Qu’allait-il mettre là-dedans ?

« Rien que le nécessaire, s’affirmait-il à lui-même. Il y a donc lieu d’agir méthodiquement et d’opérer une sélection raisonnée. »

C’est en vertu de ce principe qu’il commença par y déposer trois chaussures. Il devait plus tard beaucoup regretter que, de ces trois chaussures, l’une fût, par un hasard malheureux, une bottine à boutons, une autre un soulier à lacet, et la troisième