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II

Qui introduit le lecteur dans la maison de Dean Forsyth et le met en rapport avec son neveu, Francis Gordon, et sa bonne, Mitz.

« Mitz !… Mitz !…

— Mon fieu ?…

— Qu’est-ce qu’il a donc, mon oncle Dean ?

— Je n’en sais rien.

— Est-ce qu’il est malade ?

— Que nenni ! mais, si cela continue, il le deviendra pour sûr. »

Ces demandes et ces réponses s’échangeaient entre un jeune homme de vingt-trois ans et une femme de soixante-cinq, dans la salle à manger d’une maison d’Elisabeth street, précisément en cette ville de Whaston, où venait de s’accomplir le plus original des mariages à la mode américaine.

Cette maison d’Elisabeth street appartenait à Mr Dean Forsyth. Mr Dean Forsyth avait quarante-cinq ans et paraissait bien les avoir. Grosse tête ébouriffée, petits yeux à lunettes d’un fort numéro, épaules légèrement voûtées, cou puissant enveloppé en toutes saisons du double tour d’une cravate qui montait jusqu’au menton, redingote ample et chiffonnée, gilet flasque dont les boutons inférieurs n’étaient jamais utilisés, pantalon trop court recouvrant à peine des souliers trop larges, calotte à gland posée en arrière sur une chevelure grisonnante et indisciplinée, figure aux mille plis, se terminant par la barbiche habituelle aux Américains du Nord, caractère irascible toujours à deux millimètres de la colère, tel était Mr Dean Forsyth, dont parlaient Francis Gordon, son neveu, et Mitz, sa vieille servante, dans la matinée du 21 mars.

Francis Gordon, privé de ses parents dès son bas âge, avait