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LA CHASSE AU MÉTÉORE

— Un hâbleur qui ne sait même pas de quel côté on regarde dans une lunette !

— Un farceur qui n’a jamais vu un télescope !

— Ignorant, moi !…

— Moi, un médicastre !…

— Pas tellement ignorant que je ne sache démasquer un imposteur.

— Pas si médicastre que je ne trouve le moyen de confondre un voleur.

— C’en est trop ! cria d’une voix étranglée Mr Dean Forsyth écumant. Prenez garde, monsieur ! »

Les deux rivaux, poings serrés, regards furibonds, se menaçaient du geste, et la scène eût probablement mal fini, si Francis et Jenny ne se fussent élancés entre les combattants.

« Mon oncle !… s’écriait Francis en maîtrisant Mr Dean Forsyth d’une main vigoureuse.

— Papa !… Je vous en supplie… Papa !… implorait Jenny toute en pleurs.

— Quels sont ces deux énergumènes ? » demanda à Mr Seth Stanfort, à côté duquel il se trouvait par hasard, Zéphyrin Xirdal, qui, à quelque distance, assistait à cette scène tragico-burlesque.

En voyage, on fait aisément bon marché du protocole mondain. Mr Seth Stanfort répondit sans façon à cette question qu’un inconnu lui posait sans façon.

« Vous n’êtes pas sans avoir entendu parler de Dean Forsyth et du docteur Sydney Hudelson.

— Les deux astronomes amateurs de Whaston ?

— Précisément.

— Ceux qui ont découvert le bolide qui vient de tomber ici ?

— Ce sont eux.

— Qu’ont-ils à se disputer de la sorte ?

— Ils ne peuvent se mettre d’accord sur celui à qui revient la priorité de la découverte. »

Zéphyrin Xirdal haussa dédaigneusement les épaules.

« Belle affaire ! dit-il.

— Et ils réclament tous deux la propriété du bolide, reprit Mr Seth Stanfort.

— Sous prétexte qu’ils l’ont vu par hasard dans le ciel ?

— C’est cela même.