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LA JANGADA.

« On a tenté d’expliquer cette coloration de diverses manières, dit-il, et je ne crois pas que les plus savants soient arrivés à le faire d’une manière satisfaisante.

— Ces eaux sont véritablement noires avec un magnifique reflet d’or, répondit la jeune fille, en montrant une légère nappe mordorée qui affleurait la jangada.

— Oui, répondit Manoel, et déjà Humboldt avait observé comme vous, ma chère Minha, ce reflet si curieux. Mais, en regardant plus attentivement, on voit que c’est plutôt la couleur de sépia qui domine dans toute cette coloration.

— Bon ! s’écria Benito, encore un phénomène sur lequel les savants ne sont pas d’accord !

— Peut-être pourrait-on, à ce sujet, demander leur avis aux caïmans, aux dauphins et aux lamantins, fit observer Fragoso, car ce sont certainement les eaux noires qu’ils choisissent de préférence pour s’y ébattre.

— Il est certain qu’elles attirent plus particulièrement ces animaux, répondit Manoel. Mais pourquoi ? On serait fort embarrassé de le dire ! En effet, cette coloration est-elle due à ce que ces eaux contiennent en dissolution de l’hydrogène carboné, ou bien à ce qu’elles coulent sur des lits de tourbe, à travers