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LA JANGADA.

La jeune fille devint charmante. Elle ne quitta point la fazenda. Élevée dans ce milieu pur et sain, au milieu de cette belle nature des régions tropicales, l’éducation que lui donna sa mère, l’instruction qu’elle reçut de son père lui suffirent. Qu’aurait-elle été apprendre de plus dans un couvent de Manao ou de Bélem ? Où aurait-elle trouvé de meilleurs exemples de toutes les vertus privées ? Son esprit et son cœur se seraient-ils plus délicatement formés loin de la maison paternelle ? Si la destinée ne lui réservait pas de succéder à sa mère dans l’administration de la fazenda, elle saurait être à la hauteur de n’importe quelle situation à venir.

Quant à Benito, ce fut autre chose. Son père voulut avec raison qu’il reçût une éducation aussi solide et complète qu’on la donnait alors dans les grandes villes du Brésil. Déjà le riche fazender n’avait rien à se refuser pour son fils. Benito possédait d’heureuses dispositions, un cerveau ouvert, une intelligence vive, des qualités de cœur égales à celles de son esprit. À l’âge de douze ans, il fut envoyé au Para, à Bélem, et là, sous la direction d’excellents professeurs, il trouva les éléments d’une éducation qui devait en faire plus tard un homme distingué. Rien dans les lettres, ni dans les sciences, ni dans les arts, ne lui fut étranger. Il s’instruisit