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la révolte des cipayes.

rable, avec cinq cents sabres par régiment de cavalerie, et sept cents baïonnettes par régiment d’infanterie.

L’armée native se compose de cent trente-sept régiments d’infanterie et de quarante régiments de cavalerie ; mais son artillerie est européenne, presque sans exception.

Tel est l’état actuel de la péninsule au point de vue administratif et militaire, tel est l’effectif des forces qui gardent un territoire de quatre cent mille milles carrés.

« Les Anglais, dit justement M. Grandidier, ont été heureux de rencontrer dans ce grand et magnifique pays un peuple doux, industrieux, civilisé, et de longue date façonné à tous les jougs. Mais qu’ils y prennent garde, la douceur a ses limites, et que le joug ne soit pas écrasant, ou les têtes se redressent un jour et le brisent. »

CHAPITRE IV.

au fond des caves d’ellora


Il n’était que trop vrai. Le prince maharatte Dandou-Pant, le fils adoptif de Baji-Rao, Peïschwah de Pounah, en un mot Nana Sahib, — peut-être à cette époque l’unique survivant des chefs de la révolte des Cipayes, — avait pu quitter ses inaccessibles retraites du Népaul. Brave, audacieux, habitué à l’épreuve des dangers immédiats, habile à déjouer les poursuites, savant dans l’art d’embrouiller ses pistes, profondément rusé, il s’était aventuré jusque dans les provinces du Dekkan, sous l’inspiration toujours vivace d’une haine que les terribles représailles de l’insurrection de 1857 n’avaient pu que décupler.

Oui ! c’était une haine à mort que le Nana avait vouée aux possesseurs de l’Inde. Il était l’héritier de Baji-Rao, et, lorsque le Peïschwah mourut en 1851, la Compagnie refusa de continuer à lui servir la pension de huit lakhs de roupies[1] à laquelle il avait droit. De là, une des causes de cette haine, qui devait aboutir aux plus grands excès.

  1. Deux millions de francs.