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un hivernage dans les glaces.

lieux où l’on a vu mourir un ami. Le vent soufflait du nord et favorisait le départ du brick. Souvent il fut arrêté par des bancs de glace, que l’on dut couper à la scie ; souvent des glaçons se dressèrent devant lui, et il fallut employer la mine pour les faire sauter. Pendant un mois encore, la navigation fut pleine de dangers, qui mirent souvent le navire à deux doigts de sa perte ; mais l’équipage était hardi et accoutumé à ces périlleuses manœuvres. Penellan, Pierre Nouquet, Turquiette, Fidèle Misonne, faisaient à eux seuls l’ouvrage de dix matelots, et Marie avait des sourires de reconnaissance pour chacun.

La Jeune-Hardie fut enfin délivrée des glaces à la hauteur de l’île Jean-Mayen. Vers le 25 juin, le brick rencontra des navires qui se rendaient dans le Nord, pour la pêche des phoques et de la baleine. Il avait mis près d’un mois à sortir de la mer polaire.

Le 16 août, la Jeune-Hardie se trouvait en vue de Dunkerque. Elle avait été signalée par la vigie, et toute la population du port accourut sur la jetée. Les marins du brick tombèrent bientôt dans les bras de leurs amis. Le vieux curé reçut Louis Cornbutte et Marie sur son cœur, et, des deux messes qu’il dit les deux jours suivants, la première fut pour le repos de l’âme de Jean Cornbutte, et la seconde pour bénir ces deux fiancés, unis depuis si longtemps par le malheur.