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tous au travail.

Tous, hommes et femmes s’étaient mis à la besogne, maniant le pic et la pioche. Tous s’étaient portés sur le massif de sable, de terre et de glaces, au risque de provoquer de nouveaux éboulements. Mac Nap avait pris la direction des travaux, et il les dirigea avec méthode.

Il lui parut convenable d’attaquer la masse par son sommet. De là, on put faire rouler du côté du lagon les blocs entassés. Le pic et les leviers aidant, on eut facilement raison des glaçons de médiocre grosseur, mais les énormes morceaux durent être brisés à coups de pioche. Quelques-uns même, dont la masse était très considérable, furent fondus au moyen d’un feu ardent, alimenté à grand renfort de bois résineux. Tout était employé à la fois pour détruire ou repousser la masse des glaçons dans le plus court laps de temps.

Mais l’entassement était énorme, et, bien que ces courageux travailleurs eussent travaillé sans relâche et qu’ils ne se fussent reposés que pour prendre quelque nourriture, c’est à peine, lorsque le soleil disparut au-dessous de l’horizon, si l’entassement des glaçons semblait avoir diminué. Cependant, il commençait à se niveler à son sommet. On résolut donc de continuer ce travail de nivellement pendant toute la nuit ; puis, cela fait, lorsque les éboulements ne seraient plus à craindre, le maître charpentier comptait creuser un puits vertical à travers la masse compacte, ce qui permettrait d’arriver plus directement et plus rapidement au but, et de donner accès à l’air extérieur.

Donc, toute la nuit, le lieutenant Hobson et ses compagnons s’occupèrent de ce déblaiement indispensable. Le feu et le fer ne cessèrent d’attaquer et de réduire cette matière incohérente des glaçons. Les hommes maniaient le pic et la pioche. Les femmes entretenaient les feux. Tous n’avaient qu’une pensée : sauver Mrs. Paulina Barnett, Madge, Kalumah, Thomas Black !

Mais quand le matin reparut, il y avait déjà trente heures que ces infortunés étaient ensevelis, au milieu d’un air nécessairement raréfié sous l’épaisse couche.

Le charpentier, après les travaux accomplis dans la nuit, songea à creuser le puits vertical, qui devait aboutir directement au faîte de la maison. Ce puits, suivant son calcul, ne devait pas mesurer moins de cinquante pieds. Le travail serait facile, sans doute, dans la glace, c’est-à-dire pendant une vingtaine de pieds ; mais ensuite les difficultés seraient grandes pour creuser la couche de terre et de sable, nécessairement très friable, et qu’il serait nécessaire d’étayer sur une épaisseur de trente pieds au moins. De longues pièces de bois furent donc préparées à cet effet, et le forage du puits commença. Trois hommes seulement y pouvaient travailler ensemble.