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LE PILOTE DU DANUBE.

Ce que j’en disais, c’était histoire de parler, simplement… Ces messieurs désirent manger ?

— Oui, répondit celui des deux rouliers qui semblait le moins brutal. Du pain, du lard, du jambon, des saucisses, ce que tu auras. »

La charrette avait dû parcourir une longue route, car ses conducteurs affamés firent largement honneur au repas. Ils étaient fatigués aussi, et c’est pourquoi ils ne s’oublièrent pas à table. La dernière bouchée prise, ils s’empressèrent d’aller chercher le sommeil, l’un sur la paille de l’écurie, près des chevaux, l’autre sous la bâche de la charrette.

Midi sonnait quand ils reparurent. Ce fut pour réclamer aussitôt un second repas qui leur fut servi comme le précédent dans la grande salle de l’auberge. Reposés maintenant, ils s’attardèrent. Au dessert succédèrent les verres d’eau-de-vie qui disparaissaient comme de l’eau dans ces rudes gosiers.

Au cours de l’après-midi, plusieurs voitures s’arrêtèrent à l’auberge et de nombreux piétons entrèrent boire un coup. Des paysans, pour la plupart, qui, la besace au dos, le bâton à la main, se rendaient à Gran ou en revenaient. Presque tous étaient des habitués et l’hôtelier ne pouvait que s’applaudir d’avoir la tête solide réclamée par sa profession, car il trinquait avec tous ses clients les uns après les autres. Cela