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LE PILOTE DU DANUBE.

Il avait des obligations à l’égard de son passager, et, tout bien considéré, mieux valait perdre une journée et ne fournir aucun prétexte à des contestations ultérieures.

Pour utiliser la fin de cette journée plus qu’à demi écoulée déjà, le travail heureusement ne manquerait pas. Elle suffirait à peine à remettre de l’ordre dans la barge et à réparer quelques petits dégâts causés par la tempête.

Serge Ladko s’occupa tout d’abord de ranger les coffres dont il avait bouleversé le contenu pendant ses infructueuses recherches de la matinée. Cela ne lui aurait pas demandé beaucoup de temps, si, en achevant le rangement du dernier, son regard ne fût tombé sur ce même portefeuille qui avait précédemment sollicité l’attention de Karl Dragoch. Ce portefeuille, le pilote l’ouvrit comme l’avait ouvert le policier, et, comme celui-ci, mais agité de sentiments tout autres, il en retira le portrait que Natcha lui avait remis à l’instant de leur séparation, avec une dédicace pleine de tendresse.

Un long moment, Serge Ladko contempla ce visage adorable. Natcha !… C’était bien elle !… C’étaient bien ses traits chéris, ses yeux si purs, ses lèvres entrouvertes comme si elles allaient parler !…

Avec un soupir, il replaça enfin la chère image dans le portefeuille et le portefeuille dans le coffre, qu’il referma avec soin