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LE PILOTE DU DANUBE.

devait être compté parmi les mieux dirigés. De grande taille, puisque sa capacité dépassait deux cents tonnes, le pont proprement dit en était recouvert d’une sorte de superstructure, d’un spardeck, qui formait, à l’arrière, le toit du rouf habité par le personnel. Un mâtereau à l’avant servait à hisser le pavillon national, et, à la poupe, un gouvernail à large safran permettait au pilote de maintenir le bateau en bonne direction.

À mesure qu’on descendait le courant, l’animation du fleuve allait croissant, ainsi que cela se produit aux approches des grandes cités. Des embarcations légères, à vapeur ou à voiles, chargées de promeneurs ou de touristes, se glissaient entre les îles. Bientôt, dans le lointain, la fumée de cheminées d’usines empâta l’horizon, annonçant les faubourgs de Budapest.

À ce moment, il se produisit un fait singulier. Sur un signe de Striga, Titcha pénétra dans le rouf de l’arrière, avec un de ses compagnons de l’équipage. Les deux hommes en ressortirent bientôt. Ils escortaient une femme d’une taille élancée, mais dont il était malaisé de voir les traits à demi cachés par un bâillon. Les mains liées derrière le dos, cette femme marchait entre ses deux gardiens, sans essayer d’une résistance dont l’expérience lui avait sans doute démontré l’inutilité. Docilement, elle descendit dans la cale par l’échelle du grand panneau, puis dans un compartiment du double fond dont la trappe fut refermée