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ENTRE CIEL ET TERRE.

lui faisaient escorte en fut ému, bien qu’il considérât son prisonnier comme le plus abominable criminel.

« Ça ne va donc pas comme vous voulez, camarade ? demanda, en mettant dans sa voix quelque désir de réconfort, ce fonctionnaire blasé cependant par profession sur le spectacle des misères humaines.

Il aurait parlé à un sourd, que le résultat eût été le même.

— Allons ! reprit le compatissant gardien, il faut se faire une raison. M. Izar Rona n’est pas un mauvais diable, et tout s’arrangera peut-être mieux que vous ne pensez… En attendant, je vais vous laisser ça… Il est question de votre pays là-dedans. Ça vous distraira. »

Le prisonnier garda son immobilité. Il n’avait pas entendu.

Il n’entendit pas davantage les verrous poussés à l’extérieur et pas davantage il ne vit le journal que le gardien, trahissant ainsi sans penser à mal le secret rigoureux auquel était astreint son prisonnier, déposait sur la table en s’en allant.

Les heures coulèrent. Le jour s’acheva, puis la nuit, et ce fut une nouvelle aurore. Écroulé sur sa chaise, Serge Ladko n’avait pas conscience de la fuite du temps.

Cependant, quand le jour grandissant vint frapper son visage, il parut sortir de cet accablement. Il ouvrit les yeux, et son regard vague erra par la cellule. La première chose qu’il aperçut alors, ce fut le