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LE PILOTE DU DANUBE.

une cellule ou dans le chemin de ronde, c’était toujours être prisonnier.

Serge Ladko, en examinant cette muraille avec plus de soin qu’il ne l’avait fait jusqu’alors, observa que la partie supérieure, à peu de distance au-dessous du chaperon, en était décorée intérieurement et extérieurement par une série de bossages, formés de moellons carrés à demi encastrés dans le reste de la maçonnerie. Un long moment Serge Ladko contempla cet ornement architectural, puis, se laissant glisser sur l’appui de la fenêtre, il réintégra sa cellule, et se hâta de faire disparaître toute trace compromettante.

Son parti était pris. Le moyen d’être libre envers et contre tous, il l’avait trouvé. Quelque risqué qu’il fût, ce moyen pouvait, devait réussir. Au surplus, mieux valait la mort que la continuation de pareilles angoisses.

Patiemment, il attendit le passage de la seconde ronde. Assuré dès lors d’une nouvelle période de tranquillité, il se mit en devoir d’achever ses préparatifs. De ses draps, il fit, à l’aide de ce qui subsistait de son couteau, une cinquantaine de bandes de quelques centimètres de largeur. Afin que l’attention des gardiens ne fût pas attirée, il eut soin de réserver une quantité de toile suffisante pour que sa couchette gardât son aspect extérieur. Quant au reste, nul n’aurait évidemment l’idée de venir soulever la couverture.