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LA MAISON VIDE.

faisait pas l’affaire de Titcha qui, en apprenant l’épuisement du genièvre, fit une grimace désolée.

— Du racki, alors ? implora-t-il.

— Voilà, consentit Karl Dragoch en avançant sur la table la bouteille qui contenait encore quelques gouttes de liqueur. Mais attention, camarade !… Il ne faudrait pas nous griser.

— Moi !… protesta Titcha, qui s’adjugea le fond de la bouteille. Je le voudrais que je ne pourrais pas !

— Nous disions donc que Ladko ?… suggéra Dragoch reprenant patiemment sa marche tortueuse vers le but.

— Ladko ?… répéta Titcha qui ne savait plus de quoi il s’agissait.

— Pourquoi ne faut-il pas le nommer ?

Titcha eut un rire aviné.

— Ça t’intrigue, ça, mon fils !… C’est qu’ici Ladko se prononce Striga, voilà tout.

— Striga ?… répéta Dragoch qui ne comprenait pas. Pourquoi Striga ?…

— Parce que c’est son nom, à cet enfant… Ainsi, toi, tu t’appelles… Au fait ! comment t’appelles-tu ?…

— Raynold.

— C’est ça… Raynold… Eh bien ! Je t’appelle Raynold… Lui, il s’appelle Striga… C’est clair.

À Gran, cependant… insista Dragoch.

— Oh ! interrompit Titcha, à Gran, c’était Ladko… Mais, à Roustchouk, c’est Striga.

Il cligna de l’œil d’un air malin.