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Page:Verne - Le Pilote du Danube, Hetzel, 1920.djvu/58

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LE PILOTE DU DANUBE.

— Voici mon passeport, répondit l’amateur de pêche, en tendant une feuille dépliée.

Le gendarme la parcourut des yeux, et aussitôt ses allures changèrent du tout au tout.

— C’est différent, dit-il.

Il replia soigneusement le passeport qu’il rendit à son propriétaire. Après quoi, sautant sur le quai :

— À vous revoir, Messieurs, dit-il, en adressant un salut plein de déférence au compagnon d’Ilia Brusch.

Quant à ce dernier, aussi étonné de la soudaineté de cet incident inattendu que de la façon dont il avait été solutionné, il suivait des yeux l’ennemi battant en retraite.

Pendant ce temps, son sauveur, reprenant le fil de son discours au point même où il avait été brisé, poursuivait impitoyablement :

— La deuxième raison, monsieur Brusch, c’est que le fleuve, pour des motifs que vous ignorez peut-être, est étroitement surveillé, comme vous en avez eu la preuve à l’instant. Cette surveillance se fera plus étroite encore quand vous arriverez en aval, et plus encore, s’il est possible, quand vous traverserez la Serbie et les provinces bulgares de l’Empire ottoman, pays fort troublés et qui sont même officiellement en guerre depuis le 1er juillet. J’estime que plus d’un incident peut naître au cours de