Page:Verne - Le Pilote du Danube, Hetzel, 1920.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

60
LE PILOTE DU DANUBE.

triomphait alors au palais du Sultan, les chrétiens de l’Empire ottoman furent surchargés d’impôts, malmenés, tués, torturés de mille manières. La réponse ne se fit pas attendre. Au début de l’été, l’Herzégovine se souleva une fois de plus.

Des bandes de patriotes battirent la campagne, et, commandées par des chefs de valeur, comme Peko-Paulowitch et Luibibratich, infligèrent échecs sur échecs aux troupes régulières envoyées contre elles.

Bientôt l’incendie se propagea, gagna le Monténégro, la Bosnie, la Serbie. Une nouvelle défaite subie par les armes turques aux défilés de la Duga, en janvier 1876, acheva d’enflammer les courages, et la fureur populaire commença à gronder en Bulgarie. Comme toujours, cela débuta par de sourdes conspirations, par des réunions clandestines auxquelles se rendait en grand secret la jeunesse ardente du pays.

Dans ces conciliabules, les chefs se dégagèrent rapidement et affermirent leur autorité sur une clientèle plus ou moins nombreuse, les uns par l’éloquence du verbe, d’autres par la valeur de leur intelligence ou par l’ardeur de leur patriotisme. En peu de temps, chaque groupement, et, au-dessus des groupements, chaque ville eut le sien.

À Roustchouk, important centre bulgare situé au bord du Danube, presque exactement en face de la ville roumaine de