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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

celles des chambres de Mme Roderich et de sa fille. Quel contraste avec l’animation de la veille !

Le capitaine Haralan s’arrêta, et ses regards s’attachèrent un instant à ces persiennes closes. Un soupir s’échappa de sa poitrine, sa main esquissa un geste menaçant, mais il ne prononça pas une parole.

Le coin tourné, nous remontâmes le boulevard Tékéli, et nous fîmes halte près de la maison Storitz.

Un homme se promenait devant la porte, les mains dans les poches, en indifférent. C’était le chef de police. Le capitaine Haralan et moi nous le rejoignîmes ainsi qu’il était convenu.

Presque aussitôt, apparurent six agents en bourgeois, qui, sur un signe de M. Stepark, se rangèrent le long de la grille. Avec eux se trouvait un serrurier, réquisitionné pour le cas où la porte ne s’ouvrirait pas.

Les fenêtres de la maison Storitz étaient fermées comme d’habitude. Les rideaux du belvédère, tirés intérieurement, rendaient les vitres opaques.

« Il n’y a personne, sans doute, dis-je à M. Stepark.

— Nous allons le savoir, me répondit-il. Mais je serais étonné que la maison fût vide. Voyez cette fumée qui s’échappe de la cheminée, à gauche.

En effet, un filet de vapeur fuligineuse s’échevelait au-dessus du toit.

— Si le maître n’est pas chez lui, ajouta M. Stepark, il est probable que le domestique est là, et, pour nous ouvrir, peu importe que ce soit l’un ou l’autre.

À part moi, étant donnée la présence du capitaine Haralan, j’eusse préféré que Wilhelm Storitz fût absent et même qu’il eût quitté Ragz.

Le chef de la police fit résonner le heurtoir fixé à l’un des panneaux de la grille. Puis nous attendîmes que quelqu’un parût ou que la porte fût ouverte de l’intérieur.