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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

M. Stepark s’avança jusqu’au fond du corridor. Je marchais derrière lui, et le capitaine Haralan me suivait.

Un des agents était resté de garde sur le perron de la cour.

La porte ouverte, on put d’un coup d’œil parcourir tout le jardin. Il était enclos de murs sur une superficie d’environ deux à trois mille toises. Une pelouse, qui n’avait pas été fauchée depuis longtemps, et dont les hautes herbes traînaient, à demi flétries, en occupait le centre. Tout autour courait une allée sinueuse bordée de taillis fort épais. Au delà de ces taillis on apercevait des arbres élevés, plantés sans doute le long des murs, et dont les têtes devaient dominer l’épaulement des fortifications.

Tout dénotait l’incurie et l’abandon.

Le jardin fut visité. Les agents n’y découvrirent personne, bien que les allées fussent marquées de pas récents.

Les fenêtres, de ce côté, étaient closes de contrevents, sauf la dernière du premier étage, par laquelle s’éclairait l’escalier.

— Ces gens-là ne devaient pas tarder à rentrer, fit observer le chef de police, puisque la porte était simplement tirée et non fermée à double tour… à moins qu’ils n’aient eu l’éveil, et qu’ils n’aient pris la clef des champs.

— Vous pensez qu’ils ont pu savoir ?… répliquai-je. Non, je m’attends plutôt à ce qu’ils reviennent d’un instant à l’autre.

M. Stepark secoua la tête d’un air de doute.

— D’ailleurs, ajoutai-je, cette fumée qui s’échappe de l’une des cheminées prouve qu’il y a du feu quelque part.

— Cherchons le feu, répondit le chef de police.

Après avoir constaté que le jardin était désert comme la cour, et que personne n’y était caché, M. Stepark nous pria de rentrer dans la maison, et la porte du corridor fut refermée derrière nous.

Ce corridor desservait quatre pièces. De l’une d’elles, du côté du jardin, on avait fait la cuisine. Une autre n’était à vrai dire