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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

puisque, dans le cas où un obstacle imprévu viendrait ensuite empêcher l’union projetée, ils seraient condamnés à un célibat perpétuel.

Il serait possible de retrouver dans la féodalité française quelques traces de cette coutume, qui a quelque chose de paternel, puisque le chef paraît ainsi se considérer comme le père des citoyens, et qui s’était perpétuée à Ragz jusqu’à nos jours.

La jeune fiancée portait une robe charmante et de bon goût, Mme Roderich une toilette très simple bien que très riche. Le docteur et le jugé étaient, comme mon frère et moi, en habit de la cour, et les deux officiers en uniforme de grande tenue.

Quelques personnes attendaient sur le boulevard la sortie des voitures, femmes et jeunes filles du peuple, dont un mariage excite toujours la curiosité. Mais, il était probable que le lendemain, à la cathédrale, la foule serait considérable, juste hommage rendu à la famille Roderich.

Les deux carrosses franchirent la porte principale de l’hôtel, tournèrent le coin du boulevard, suivirent le quai Batthyani, la rue du Prince Miloch, la rue Ladislas, et arrivèrent à la grille du Palais du Gouverneur.

Les curieux se trouvaient en plus grand nombre sur la place et dans la cour du Palais. Peut-être, après tout, le souvenir des premiers incidents les avait-il attirés. Peut-être se demandaient-ils si un nouveau phénomène n’allait pas s’accomplir.

Les voitures pénétrèrent dans la cour d’honneur, et stationnèrent devant le perron.

Un instant après, Mlle Myra au bras de son père, Mme Roderich au bras de M. Neuman, puis Marc, le capitaine Haralan, le lieutenant Armgard et moi, nous avions pris, place dans la salle des fêtes, éclairée de hautes fenêtres à vitraux de couleur et boisée de panneaux sculptés du plus grand prix. Au centre, une large table portait deux magnifiques corbeilles de fleurs.

En leur qualité de père et de mère, M. et Mme Roderich vinrent