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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

XIV


Ainsi donc, mes craintes se réalisaient. Wilhelm Storitz n’avait pas quitté Ragz et il était entré sans difficulté dans l’hôtel Roderich. Qu’il eût manqué son coup, soit ! Mais cela ne garantissait nullement l’avenir. Ce qu’il avait essayé vainement de faire une première fois, il essayerait de le refaire, et peut-être avec un meilleur succès. Il importait donc d’arrêter un plan de conduite qui nous garantît contre les attaques ultérieures de ce misérable.

Il ne me fut pas très difficile d’imaginer ce plan de conduite. Je résolus tout d’abord de réunir les diverses personnes menacées à un titre quelconque et d’organiser un système de défense tel qu’il fût impossible à personne de les approcher. J’étudiai soigneusement les moyens d’atteindre cet idéal, et, dès qu’ils furent trouvés, je les mis sans tarder à exécution.

Le matin du 6 juin, moins de quarante-huit heures après l’attentat, mon frère, dont la blessure toute superficielle se cicatrisait déjà, fut transporté à l’hôtel Roderich et couché dans une chambre voisine de celle de Myra. Cela fait, j’exposai mon plan au docteur, qui, l’ayant approuvé entièrement, me donna carte blanche et déclara me considérer, à partir de ce moment, en quelque sorte comme le commandant d’une garnison assiégée.

Je fis aussitôt acte d’autorité. Laissant un seul domestique à la garde de Marc et de Myra — il me fallait courir ce risque ! — je commençai une visite minutieuse et méthodique de l’hôtel,