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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

Marc m’en avait fait un portrait fidèle. Elle donnait l’impression d’être une excellente femme, douée de toutes les vertus familiales, ayant trouvé le bonheur complet près de son mari, adorant son fils et sa fille de toute la tendresse d’une mère sage et prévoyante.

Mme Roderich me témoigna beaucoup d’amitié, ce dont je fus profondément touché. Elle serait heureuse de l’arrivée du frère de Marc Vidal dans sa maison, à la condition qu’il voulût bien la considérer comme la sienne.

Mais que dire de Myra Roderich ? Elle vint à moi, souriante, la main ou plutôt les bras tendus. Oui, c’était bien une sœur que j’allais avoir en cette jeune fille, une sœur qui m’embrassa et que j’embrassai sans plus de cérémonies. Et j’ai lieu de croire que Marc, en me voyant faire, connut l’aiguillon de l’envie.

« Moi, je n’en suis pas encore là ! soupira-t-il, non sans jalousie.

— Parce que vous n’êtes pas mon frère, » expliqua plaisamment ma future belle-sœur.

Mlle Roderich était bien telle que Marc me l’avait dépeinte, telle que la représentait cette toile que je venais d’admirer. Une jeune fille à la tête charmante couronnée d’une fine chevelure blonde, avenante, enjouée, ses beaux yeux d’un bleu noir pétillants d’esprit, le teint chaud de la carnation hongroise, la bouche d’un dessin très, pur, des lèvres rosées s’ouvrant sur les dents d’une éclatante blancheur. D’une taille un peu au-dessus de la moyenne, la démarche élégante, elle était la grâce en personne, d’une distinction parfaite, sans afféterie ni pose.

En vérité, si l’on disait des portraits de Marc qu’ils étaient plus ressemblants que leurs modèles, on eût pu dire plus justement encore que Mlle Myra était plus naturelle que nature !

Comme sa mère, Myra Roderich portait le costume magyar : la chemisette fermée au cou, les manches assujetties au poignet