Aller au contenu

Page:Verne - Le Superbe Orénoque, Hetzel, 1898.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
LE SUPERBE ORÉNOQUE.

de vingt-quatre heures. Si l’intention des deux Français était de continuer leur exploration du cours de l’Orénoque jusqu’à San-Fernando de Atabapo, ne valait-il pas mieux remonter le fleuve avec eux ?… Et, dans ce cas, pour leur laisser le temps de se reposer, puis de faire leurs préparatifs, ne convenait-il pas de remettre le départ au lendemain ?…

Assurément, et ainsi en jugèrent dans leur sagesse MM. Miguel, Felipe et Varinas. De fait, on se fût demandé, non sans surprise, pourquoi l’oncle et le neveu n’auraient pas été de cet avis. D’ailleurs, Jacques Helloch et Germain Paterne, ayant leur propre pirogue, ne seraient ni une charge ni une gêne, et, quoi que pût penser le sergent Martial, il y aurait plus de sécurité pour les trois embarcations à naviguer de conserve.

« Et, en outre, n’oublie pas, ce sont des compatriotes, lui dit Jean de Kermor.

— Un peu jeunes ! » avait murmuré le sergent Martial, en secouant la tête.

En somme, il y avait intérêt à connaître leur histoire, et lorsqu’ils apprirent que l’oncle et le neveu étaient français, — même bretons, — ils s’empressèrent de la raconter.

Jacques Helloch, âgé de vingt-six ans, était originaire de Brest. Après quelques missions remplies avec succès, il avait été chargé par le ministre de l’Instruction publique d’une expédition à travers les territoires de l’Orénoque. Six semaines auparavant, il était arrivé au delta du fleuve.

On considérait à juste titre ce jeune homme comme un explorateur de grand mérite, alliant le courage à la prudence, ayant déjà donné maintes preuves de son endurance et de son énergie. Ses cheveux noirs, ses yeux ardents, son teint animé par un sang généreux, sa taille au-dessus de la moyenne, sa constitution vigoureuse, l’élégance naturelle de sa personne disposaient en sa faveur. Il possédait cette physionomie à la fois sérieuse et souriante qui inspire la sympathie dès le premier abord. Il plaisait, sans chercher à plaire,