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le testament d’un excentrique

elle mit la tête hors de sa chambre et reconnut au milieu d’un groupe en grande agitation… qui ?… Hodge Urrican. Il était accompagné d’un homme d’une quarantaine d’années, à tournure de marin, vigoureux, trapu, remuant, gesticulant. C’était à le croire encore plus violent, plus irascible que le terrible commodore.

Certes, ce ne pouvait être par sympathie pour sa jeune partenaire que Hodge Urrican se trouvait ce jour-là Sheridan Street, qu’il se promenait sous ses fenêtres, qu’il les dévorait du regard. Et, ce que Jovita Foley observa très distinctement, — c’est que son compagnon, plus démonstratif, montrait le poing en homme qui n’est pas maître de lui.

Puis, autour de lui, comme on assurait que la maladie de Lissy Wag se réduisait à une simple indisposition :

« Quel est l’imbécile qui dit cela ?… » proféra-t-il.

Le personnage interpellé ne chercha point à se faire connaître, craignant un mauvais coup.

« Mal… elle va mal !… déclara le commodore Urrican.

— De plus en plus mal… surenchérit son compagnon, et si l’on me soutient le contraire…

— Voyons, Turk, contiens-toi.

— Que je me contienne ! répliqua Turk en roulant des yeux de tigre en fureur. C’est facile à vous, mon commodore, qui êtes le plus patient des hommes !… Mais moi… d’entendre parler de la sorte… cela me met hors de moi… et quand je ne me possède plus…

— C’est bon… en voilà assez ! » ordonna Hodge Urrican, en secouant, à le lui arracher, le bras de son compagnon.

Après ces quelques phrases, il fallait donc croire — ce que personne n’eût cru possible — qu’il existait ici-bas un homme auprès duquel le commodore Hodge Urrican devait passer pour un ange de douceur.

En tout cas, si tous deux étaient venus là, c’est qu’ils espéraient recueillir de mauvaises nouvelles, et s’assurer que le match Hypperbone ne se jouerait plus qu’entre six partenaires.