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le testament d’un excentrique

à peu près. Il est encadré à l’ouest par le cours du Mississippi, à l’est par le lac Michigan dont il forme le bord occidental, et, en partie, au nord, par le lac Supérieur. Madison est sa capitale, Milwaukee est sa métropole. Située sur la rive du lac, à moins de deux cents milles de Chicago, cette métropole est en communication prompte, régulière et fréquente avec tous les centres commerciaux de l’Illinois.

Donc, cette journée du 9, qui aurait pu être si mal engagée, commençait de la plus heureuse façon. Il est vrai, l’émotion qu’elle éprouva causa quelque trouble à la malade. Aussi, lorsque le D. M. P. Pughe vint la voir dans la matinée, la trouva-t-il un peu plus agitée que la veille. La toux, déchirante parfois, était suivie d’une longue prostration et de quelques mouvements de fièvre. Rien à faire, cependant, si ce n’est de continuer la médication prescrite.

« Du repos… du repos surtout, recommanda-t-il à Jovita Foley, pendant qu’elle le reconduisait. Je vous conseille, mademoiselle, d’éviter toute fatigue à miss Wag !… Qu’elle reste seule… qu’elle dorme…

— Monsieur, vous n’êtes pas plus inquiet ?… demanda Jovita Foley, qui se sentait prise de nouvelles appréhensions.

— Non… je le répète… ce n’est qu’une bronchite, qui suit son cours !… Rien du côté des poumons… rien du côté du cœur !… Et surtout prenez garde aux courants d’air… Ah ! qu’elle se soutienne aussi avec un peu de nourriture… en se forçant, s’il le faut !… du lait… du bouillon…

— Mais… docteur… s’il ne survient pas de complications graves…

— Qu’il est bon de toujours prévoir, mademoiselle…

— Oui… je sais… peut-on espérer que notre malade sera guérie dans une huitaine de jours ?… »

Le médecin ne voulut répondre que par un hochement de tête qui n’était pas trop rassurant.

Jovita Foley, assez troublée, consentit à ne pas rester dans la chambre de Lissy Wag, et se tint dans la sienne, en laissant la porte entr’ouverte. Là, devant sa table, où s’étalait la carte du Noble Jeu