Page:Verne - Le Testament d’un excentrique, Hetzel, 1899.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
236
le testament d’un excentrique

d’arriver dans le plus bref délai au quadrilatère du Parc National.

Max Réal partit donc, l’après-midi du 16, avec son attirail de peintre, Tommy chargé de la valise, et tous deux montèrent dans le train. Immenses, sans rampes ni pentes, ces plaines occidentales du Kansas, arrosées par le cours de l’Arkansas, qui descend des White Mountains du Colorado. Et combien la construction de ces voies ferrées fut facile ! À mesure que les rails étaient posés sur les traverses, la locomotive les utilisait, et la voie s’établissait ainsi à raison de plusieurs milles par jour. Il est vrai, ces interminables steppes ne présentent rien de très curieux aux yeux d’un artiste ; mais les sites deviendraient variés, étranges, superbes, dans la partie montagneuse du Colorado.

Pendant la nuit, le train franchit la frontière géométrique des deux États, et s’arrêta de grand matin à Denver.

Voir cette ville, ne fût-ce qu’une heure, Max Réal n’en eut pas le temps. Le train pour Cheyenne allait partir, et à ne pas le prendre il y aurait eu un retard de toute une journée. Une centaine de milles, en laissant dans l’ouest le magnifique panorama des Snowy Ranges, dominés par les cimes du Long’s Peak, ce trajet fut rapidement enlevé.

Qu’est-ce que Cheyenne ? C’est le nom d’une rivière et d’une cité, c’est aussi celui des Indiens qui habitaient autrefois la contrée, — ou plutôt « les Chiens » dont le langage populaire fait par corruption les Cheyennes.

Quant à la ville, elle est née de l’un de ces campements où foisonnaient les premiers chercheurs d’or. Aux tentes succédèrent les cabanes, aux cabanes les maisons, bordant des rues et des places. Le réseau ferré se forma autour, et actuellement Cheyenne compte près de douze mille habitants. Bâtie à une altitude de mille toises, elle est station, et station importante de ce grand chemin de fer du Pacifique.

Le Wyoming n’a point de limites naturelles. Il est réduit à celles que la géodésie lui a fixées, c’est-à-dire aux lignes droites d’un