Page:Verne - Le Testament d’un excentrique, Hetzel, 1899.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
288
le testament d’un excentrique

son débarquement à Key West dans l’état que l’on sait, ses partenaires devaient croire que le match des… Sept… ne se continuerait plus qu’à six !…

Bref, Hodge Urrican était à Saint-Louis, en chair et en os, ainsi que son concurrent venait de le constater dans la collision, mais d’une humeur encore plus mauvaise que d’habitude. Cela se comprendra. N’était-il pas en route pour la Californie, avec obligation de revenir à Chicago, afin de recommencer la partie après le paiement d’une triple prime !

Cependant Harris T. Kymbale, en brave garçon, crut devoir se présenter à lui, disant :

« Tous mes compliments, commodore Urrican, car je vois que vous n’êtes pas mort…

— Non, monsieur, pas même de ce choc avec un maladroit, et parfaitement capable d’enterrer ceux qui se réjouissaient sans doute de ne plus me revoir !…

— C’est pour moi que vous dites cela ?… demanda le reporter en fronçant le sourcil.

— Oui, monsieur, répondit Hodge Urrican, qui affectait de regarder son adversaire les yeux dans les yeux, oui, monsieur le grand favori ! »

Et il semblait qu’il le mâchait ce mot, qu’il le broyait entre ses molaires.

Harris T. Kymbale, peu endurant en somme, et qui commençait à s’échauffer, répondit :

« Il paraît que cela ne rend guère poli d’avoir à passer par la Californie pour revenir à Chicago… »

C’était toucher le commodore à l’endroit sensible.

« Vous m’insultez, monsieur !… s’écria-t-il.

— Entendez-le comme vous voudrez !

— Eh bien… je l’entends mal, et vous me rendrez raison de vos insolences !

— À l’instant, si cela vous convient !